Enquête

L’enquête publique du PLUI d’EST ENSEMBLE est terminée depuis hier 7 novembre.

Nous avons décidé de ne pas répondre à l’enquête publique. Les citoyens ont dénoncé maintes fois le grignotage et l’urbanisation des murs à pêches : lors de la manifestival en 2018 qui a amené 5000 manifestants devant la mairie. Cela a-t-il changé quelque chose au niveau du PLUI des murs à pêches ? Non ! Lors du dernier festival, un fanzine tiré à 6000 exemplaires indiquait tous les désordres du PLUI. Cela a-t-il changé quelque chose ? Non !

Malgré la perte de la biodiversité, malgré le soutien des gens, malgré la poésie du site, malgré le réchauffement climatique, malgré ce patrimoine public, malgré l’énergie folle des travailleurs et amoureux des murs à pêches, malgré l’originalité unique et exceptionnelle des murs à pêches, le PLUI ne permet pas de préserver le site.

Nous ne voulons pas faire semblant et laisser les élus se cacher derrière l’enquête publique. Ils sont responsables de la disparition lente des murs à pêches, c’est à eux de protéger les murs à pêches, ce bien commun. C’est simple, et facile.

Voilà le courrier que nous n’avons pas envoyé au commissaire enquêteur car tout est su.

Association Murs A Pêches

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Léonard Cattoni

« L’association Murs à Pêches qui intervient ou développe des projets dans le quartier des Murs à Pêches, très souvent en partenariat avec d’autres acteurs locaux, et notamment ceux présents dans la Fédération des Murs à Pêches, tient à exprimer un avis critique vis-à-vis de l’enquête publique qui se tient sur le PLUI de Montreuil.

 

A la lecture de cet outil, nous dénonçons un manque de vision criant pour le patrimoine naturel et historique que sont les Murs à Pêches pour la ville et ses habitants.

 

Pour des élus qui disent vouloir protéger les Murs à Pêches, nous sommes stupéfaits qu’aucune parcelle ne soit classée zone naturelle, le statut le plus protecteur existant, le seul qui permettrait d’envisager un projet de préservation ambitieux de cet espace naturel complexe.

 

Aussi, le site ne bénéficie d’aucune baisse du taux de construction de logement. Tout au contraire, les sites d’activités qui longent le nord de la rue de Rosny (vers Fontenay) se voient ouvrir le droit d’y construire jusque 30 % de logements : on envisage donc de construire toujours plus mais jamais de voir la nature reprendre ses droits… Le reste de cette rue de Rosny est urbanisée ou fera l’objet de projets importants : ainsi fut récemment construite la maison de retraite des « murs à pêches » (sic), et prochainement, les ateliers de remisage du tramway qui reliera Bobigny à Fontenay et qui occuperont 1 hectare des Murs à Pêches existant.

 

Le montage permettant la création des cinq portes citées plus haut – qui sont effectivement attendues par les habitants – est toutefois extrêmement inquiétant. Ces « portes » seront financées par la construction de logements. Nous reconnaissons-là le modèle économique prévu pour l’aménagement du site E.I.F, où la ville cède des espaces patrimoniaux publics à des promoteurs privés, qui deviendront seuls maîtres du destin des Murs à Pêches. Nous nous y opposons avec force !

 

Par ailleurs, les parcelles constructibles du site qui longent la rue Saint Just ne sont pas classées UHmap, bien que situées à l’intérieur du périmètre des murs à pêches. Elles sont classées UH, ce qui permettra des constructions de type R+2, au lieu de R+1.

 

Ce site patrimonial unique en Ile de France ne bénéficie donc pas de l’attention qu’il mérite. Si nous pouvons nous féliciter que Montreuil ambitionne enfin de favoriser la création d’espaces d’agriculture urbaine, de voir une partie des murs restaurés ou d’implanter des arbres fruitiers en ville, il nous faut faire le deuil du paysage global des murs qui est, par ce PLUI, voué à disparaître. Car le morcellement des zones et l’encerclement du site par des habitations reflètent avant tout l’expression d’une absence de projet global pour ce site classé.

 

Depuis de nombreuses années déjà, cet espace est considéré comme une réserve foncière permettant l’implantation des équipements qui font défaut : des locaux d’activités économiques, une maison de retraite, un collège, le futur SMR du Tramway, une piscine. Ce grignotage du site par sa périphérie a bien sûr été régulièrement dénoncé par des habitants et des associations.

 

S’il concernait jusqu’à présent des infrastructures d’utilité publique, il atteint un niveau qui ne permettra plus de préserver le site dans son ensemble, et surtout, il engage désormais la construction de logements !

 

A ce jour, la ville communique sur la création de fermes agricoles urbaines dans les Murs à Pêches mais c’est pour mieux cacher le bétonnage qui s’annonce. Le renouveau de ce secteur patrimonial unique ne peut être laissé aux bons soins du secteur privé. De la même façon, la ville ne doit plus refuser le dialogue avec les associations qui assurent sa conservation et sa promotion avec des moyens qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Elle doit aussi associer le Conseil Départemental qui possède 30% des parcelles du site. Elle doit enfin et surtout s’assurer de la maîtrise des sols et disposer d’une volonté politique plus forte pour préserver ce site !

 

C’est quand même un comble : des montreuillois ont inventé ici, il y a 4 siècles, des techniques d’agricultures urbaines intensives et un modèle social et économique correspondant. A l’heure du réchauffement climatique, on jette ses terres et cette histoire pour un peu plus d’argent dans les caisses ?

 

Entre un Grand Paris des bétonneurs et un Grand Paris écologiste, il faudra bien choisir !

 

La puissance publique doit s’emparer du destin de ce site où les problématiques emblématiques de notre période se rejoignent. La défense des Murs à Pêches passe par la préservation de la pleine terre, pourquoi est-ce si compliqué à comprendre ?

 

Dans ce quartier qui fait toute l’âme et l’identité de Montreuil, l’expérience « commune » de nos travaux nous a forgé une conviction : les Murs à Pêches doivent être protégés des intérêts privés et partagés avec le plus grand nombre. Le patrimoine architectural et paysager du site, ses anciennes terres agricoles, polluées mais non urbanisées, ses puits et ses mares, sa biodiversité constituent des « biens communs » que chacun peut revendiquer. Et si l’espace est une ressource, alors ces espaces « libres » en pleine ville sont particulièrement précieux. Pourquoi ne pas inventer ici, les « communs » urbains de demain, non pas transitoires comme dans certains endroits, mais pérennes, comme nulle part ailleurs… ?

 

Le terme « commun(s) » est utilisé principalement pour qualifier une nouvelle manière de penser et de prendre soin des ressources qui n’appartiennent ni à un acteur privé, ni à un acteur public, et qui sont partagées et gérées par une communauté qui en définit les droits d’usage (accès, partage, circulation). Concrètement, un “commun” peut prendre la forme d’un bien (par exemple, la Terre, notre planète ou l’Eau, sous toutes ses formes) ; d’une ressource, qu’elle soit naturelle (une forêt, un pâturage, une rivière…), matérielle (une voiture, un logement ou un bâtiment) ou immatérielle (un logiciel libre, un article scientifique) ; ou d’une expérience (de vie commune, de groupe, de projet…).

 

C’est la notion de communauté qui fait tout le sel des communs. Pour qu’il y ait commun, il faut une communauté qui décide de s’organiser pour placer cette ressource en bien commun, en gérer les conditions d’accès et la protéger contre les différents risques qui la menacent, notamment son appropriation par d’autres acteurs qui pourraient l’accaparer ou la monopoliser. En France et en Europe anciennes, les “communaux” ont longtemps désignés des surfaces où les agriculteurs d’un même territoire pouvaient laisser paître leurs troupeaux. De nos jours, le commun le plus célèbre, c’est l’encyclopédie en ligne Wikipédia, avec ses milliers d’administrateurs et ses millions d’usagers.

 

Très en vogue dans les grandes villes, les jardins partagés ou les espaces de co-working constituent d’autres formes de communs populaires. Ces derniers temps, pas un mois ou presque ne passe sans qu’un nouvel opus ne sorte en librairie pour vanter les mérites des « communs », sans parler de leurs différentes déclinaisons possibles et imaginables : l’économie du « partage » ou du « share », l’urbanisme « transitoire » et les nouveaux « espaces communs éphémères », ou même, la création d’un statut juridique pour un lac aux Etats-Unis ou d’une rivière en Nouvelle-Zélande… Notre ville de Montreuil, haut lieu de luttes et de conquêtes sociales, berceau de l’éducation populaire, pourrait bien se saisir de ces réflexions et initiatives innovantes, surtout au regard de la richesse de son passé agricole et ouvrier… C’est le pari que nous faisons !

 

Conscient de la difficulté de la puissance publique à protéger cet espace des intérêts privés, quand elle n’est pas leur cheval de Troie, l’Association Murs à Pêches propose à la Ville de Montreuil, depuis plusieurs années, de mettre en place une forme de “co-gestion” dans laquelle les associations, tous les gestionnaires du site mais aussi les habitants, les usagers, les visiteurs ou les conseils de quartier environnants pourraient être associés ou représentés. Mise en place d’un Groupement d’Intérêt Public, ou d’un comité, conseil ou syndicat de gestion, d’un observatoire pour une transparence autour des conventions et occupations : autant de propositions qui requièrent travail et réflexion mais sont malheureusement restées lettre morte à ce jour. »

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