J’aimerais furieusement me tromper, mais j’ai dans l’idée que la ville s’apprête à faire une grosse sottise. Or cette ville, c’est la mienne. La vôtre, peut-être.
De quoi s’agit-il ? D’un projet de piscine prévu, en l’état du dossier, dans le périmètre de notre cher quartier des murs à pêches. Pour l’heure, on ne sait pas grand chose. La piscine pourrait être bâtie à l’emplacement du foyer de La Nouvelle France. Et nécessiter un parking d’une très grande surface. Où mettrait-on tout cela ? Mystère.
Oh, bien entendu, le projet serait écologique. Hum. Il y aurait en fait deux piscines. L’une tout à fait ordinaire. Et l’autre, extérieure, dotée de roseaux et peut-être – peut-être – dépourvue de traitements chimiques.
Je vais vous dire : cette deuxième installation pourrait bien être le paravent « acceptable », écologiquement correct, de la première. Car la vraie grande piscine serait à coup sûr celle qui pollue et gâche d’invraisemblables quantités d’une eau pourtant précieuse.
La mairie prétend qu’un tel équipement est nécessaire dans le haut Montreuil, et que la piscine du bas serait saturée. Je demande à voir les chiffres, et à regarder de près. Au reste, qui peut prétendre de bonne foi qu’un investissement aussi important est vraiment une priorité pour le haut Montreuil ? La mairie dispose-t-elle d’éléments qu’elle ne publie pas ? J’en doute fort, mais je suis prêt à être démenti.
Autre point important : la très « éventuelle » demande sociale de piscine ne doit pas, ne peut plus être pensée à l’échelle communale. Mais au contraire mutualisée au plan départemental. On parle par exemple d’une base de loisirs à Romainville. La réflexion s’arrêterait-elle aux frontières de Montreuil ? Cette manière de concevoir l’avenir est inquiétante. Désordonnée. Impensée, si l’on m’autorise ce néologisme.
Il y a encore pire, du moins pour une municipalité écologiste. L’usage de l’eau est en train de changer à une vitesse vertigineuse. On parle depuis quelques années du pic de Hubbert à propos du pétrole, qui marque le point culminant de son extraction. De nombreux spécialistes évoquent aujourd’hui le Peak Water, le pic de l’eau. Nous allons vers un monde où nous devrons concevoir l’eau comme une richesse et une rareté.
Autrement dit, penser son utilisation sous la forme d’une piscine coûteuse et polluante est une pure et simple ringardise. Qu’on ouvre plutôt le débat sur la limitation organisée et volontaire de la consommation d’eau ! Des villes comme Lorient ont réussi dans ce domaine des miracles, au profit de ses habitants les plus pauvres. Ouvrons la discussion !
Et posons les vrais problèmes de l’eau aux murs à pêche. Quand va-t-on rouvrir le ru Gobétue au regard des promeneurs et à leur plaisir ? Quand va-t-on lancer un chantier de dépollution de la nappe phréatique qui court sous les murs, et qui est si gravement polluée ?
Je me répète, et ce n’est pas la dernière fois : où est le débat ?
Fabrice Nicolino
PS : Le journal Le Monde daté du 6 février 2009 évoque la question du “pic de l’eau” sous le titre : « Utiliser plus intelligemment chaque goutte d’eau » (ici)
Non pas encore, nous attendons la publication du permis de construire, cette piscine doit détruire des parcelles de murs à pêches qui avaient été restaurées ces dix dernières années.
Bonjour,
Le nouvelle piscine a t elle été réalisé ?
Et parallèlement à l’étude du devenir du site, ne serait-il pas fort utile de penser au présent?
Malgré la fermeture de parcelles par des grillages transparents, les déchets s’amoncèlent encore. Et pour cause, les tas d’ordures n’ont pas été retirés lors de la fermeture des sites.
C’est la théorie de la vitre cassée: lorsqu’une vitre est brisée et non remplacée, il est fort à parier que les autres vitres seront brisées sous peu.
Dans le cas des Murs à Pêches, laisser les tas de détritus autorise les mals-inspirés à venir déposer leurs propres déchets. Encore hier soir, un camion de débarras est venu se décharger rue Saint-Antoine…
Et bien sûr, on omet de parler de certains habitants qui se permettent de déverser dans les parcelles voisines tout ce qui ne leur est plus nécessaire.
Je souhaiterai vivement que la municipalité prenne en main ce problème: nettoyer les parcelles de leurs montagnes de déchets et en premier celles appartenant à la ville de Montreuil, fermer celles qui doivent l’être, entretenir les rues comme Saint-Antoine…
Alors, pensez bien, la piscine écologique, chef d’oeuvre ou non du devenir des Murs, c’est pour beaucoup une tout autre histoire!