L’art de la culture en espalier

La culture de l’espalier est une source d’invention, d’imagination et de diversité infinie. Ce savoir et ce savoir-faire pour élever les arbres fruitiers font partie d’un patrimoine très ancien.

Définition 

Dans l’horticulture, la culture en espalier donne son nom à tout arbre fruitier appliqué contre un mur, maintenu dans une forme plate grâce à une technique de taille qui permet de garder ses branches étalées et de les y attacher. Ce mur en question retient la chaleur pour éviter que l’arbre ne gèle. Cela a permis aux pêches de Montreuil, importées de Chine, de s’acclimater en France. Également, cultiver les arbres en espalier pouvait apporter une touche esthétique aux murs et attiraient l’oeil par ses formes multiples.

D’un autre côté, la culture en contre-espalier, mis en place par Jean-Baptiste de la Quintinie à Versailles dispose les arbres à intervalle régulière le long d’un fil tendu à l’horizontal.

Un peu d’Histoire…

C’est à Jean-Baptiste de la Quintinie, agriculteur et agronome, que nous devons tout le savoir-faire innovant dans le domaine des jardins fruitiers et potagers. Remarqué et recommandé par ses contemporains propriétaires de châteaux et de jardins pour lesquels il a oeuvré (Chantilly, Choisy-le-Roi, Rambouillet et Sceaux), en 1670, Louis XIV en personne le nomme « directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales ».

© Gallica, Charles Perrault, Des hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, tome II, Paris, A. Dezallier, 1700

Il fit installer dans un « étang puant », un potager de 9 hectares capable de nourrir toute la cour. Entre 1678 et 1683, Le futur Potager du Roi se met en travaux malgré les difficultés rencontrées quant au terrain inadapté et aux moyens rudimentaires. Une trentaine de petits jardins consacrés aux arbres fruitiers et aux cultures dites « fragiles » s’édifient, entourés de murs ornés d’espaliers. C’est ainsi que de La Quintinie eut pu fournir à la cour des asperges, des fraises, des figues et des melons. Son savoir-faire est conservé par écrit sur deux tomes posthumes intitulés « Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, avec un Traité des orangers, suivy de Quelques réflexions sur l’agriculture ».

Le potager du Roi est classé Monument Historique en 1926. L’école Nationale d’horticulture s’est établit de 1873 à 1995 sur le terrain et a expérimenté des formes très variées sur les arbres fruitiers dont le savoir-faire se maintient encore.

À la même époque, de l’autre côté de la région parisienne, la production de plâtre a permis l’édification de murs à pêches et donc l’art du palissage. Par conséquent, l’abondance de ce matériau a rendu possible le développement d’une polyculture à la Montreuil notamment des pêchers, des pommiers, des poiriers, des cerisiers et des vignes. Cette méthode est avant tout une question pratique, les murs permettant d’emmagasiner la chaleur la journée et de la restituer la nuit mais également protéger les arbres fruitiers des intempéries. La culture en espalier faisant intervenir une technique particulière de taille, donnait une forme caractéristique aux arbres afin de faire circuler la sève différemment et ainsi donner des fruits de meilleure qualité. Les horticulteurs et horticultrices recherchent à travers des modèles divers, la plus convenable pour augmenter la longévité et le pouvoir de production des pêchers et des autres fruitiers. Par ailleurs, le caractère esthétique de ces forme est aussi ce qui attirait l’oeil, les horticulteurs et horticultrices se donnent un plaisir à la création d’architectures en espalier originales.

Pratiques, techniques et outils

C’est dans le Centre, le Nord-Est et le Nord-Ouest de la France que la culture en espalier est principalement utilisée pour mettre les arbres fruitiers à l’abris. Dans le Sud, Sud-est et Sud-Ouest, il est préféré de plein vent en faisant attention aux expositions brûlantes. En espalier, une centaine d’espèces peuvent être cultivées. Les expositions idéales sont celles de l’Est et du Sud-Est sous des murs de 2m50 à 3m recouverts de plâtre, pour le palissage à la loque, surplombé d’un chaperon en plâtre ou en tuiles.

Un des éléments principaux de l’art de l’espalier, c’est la taille. Autrefois, plusieurs outils pour diriger les pêchers étaient requis :
3. la Serpette – 4. le Sécateur – 5. le Greffoir – 6. l’Égohine ou 7. Scie à main – 8. le Marteau – 9. les Clous – 10. les Loques – 11. le Panier à palisser

Edmond Couturier, Culture du pêcher en espalier. Plantation taille et direction. Démontrées par 125 figures dessinées et accompagnées d’un texte descriptif, ed. Auguste Goin, Paris, dépôt légal 1907

3. La serpette permet de couper net la branche sans l’abîmer.
4. Le sécateur est plus rapide pour tailler les petites branches, les abîmer a moins d’importance.
5. Le Greffoir sert à greffer les pêchers sur un arbre plus solide, souvent sur des amandiers et les poiriers sur des cognassiers.
6. L’égohine permet de couper les grosses branches.
8. Le marteau et le panier servent au palissage et au dépalissage.
9. – 10. Les clous et les loques fixent les branches au mur et leur donnent ces formes uniques.

Si vous souhaitez en découvrir davantage sur les techniques et les outils anciens destinés à la culture en espalier, vous retrouverez tout cela au sein d’un petit musée, unique, au Jardin-école de Montreuil : http://www.srhm.fr/musee.htm

En temps normal, la taille du pêcher vient juste avant l’éclosion des fleurs, quand les bourgeons sont bien visibles. Avec nos outils aujourd’hui, il est principalement utilisé pour cela un sécateur afin couper les branches perpendiculaires et certains rameaux.

Variétés des « formes jardinées »

Les horticulteurs et horticultrices ont redoublé d’imagination pour diversifier les formes que donnent cette technique à des fins esthétiques, selon les goûts.

Parmi celles les plus réputées nous avons l’Éventail ou le carré à la Montreuil

Cette forme rectangulaire, plus que carré, permet d’occuper un plus grand espace sur le mur. Les branches basses ou mères peuvent être divisée en 2, en V, « à la diable » et les branches hautes, plus fines seront également inclinées pour éviter un déséquilibre.

Le U simple ou le U double : C’est un espace plutôt vertical qui est occupé.

La Palmette simple ou la palmette double

La Palmette en cordons croisés

Le Candélabre

Le pêcher carré

Nous pouvons aussi en retrouver d’autres comme la forme Armoriale de 1850, ou encore la forme Équilibrante datant de 1869.

Touts celles mentionnée ci-dessus sont plutôt traditionnelles et très adaptées aux amateurs débutants et amatrices débutantes de la culture en espalier mais certains et certaines s’adonnent à des architectures plus fantaisistes. C’est le cas de notre bénévole Patrick, qui dans son jardin tente l’expérience d’une multitude de formes originales et authentiques. Grâce à sa passion et sa créativité débordante, il a fait de son jardin tout entier une oeuvre d’art.

Si vous souhaitez observer des formes jardinées originales et atypiques, vous pouvez vous rendre sur la page « Ma passion du verger » : https://mapassionduverger.fr/forme-fruitiere/un-espalier-ou-une-palmette-chez-vous/

Aujourd’hui il existe un collectif [https://artdelespalier.org/] qui travail et milite pour l’inscription de cet art comme patrimoine immatériel. Nous avons eu le plaisir d’obtenir le soutien de notre député et de notre maire :

https://mursapeches.files.wordpress.com/2023/03/doc030223-03022023140826.pdf

Léa Fasilleau

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