Grand merci au 131 personnes qui ont participĂ© Ă cette collecte, nous avons mĂȘme dĂ©passĂ© notre objectif de 960 âŹ, nous avons atteint la somme de 1781⏠!
GrĂące Ă vous, nous avons pu rĂ©aliser l’Ă©tude de structure qui confirme que la maison n’est pas dangereuse. Nous l’avons envoyĂ©e Ă M. Gaylord Le Chequer 1er Maire Adjoint en charge notamment des Murs Ă PĂȘches, qui devrait nous recevoir .
Si Fruits dĂ©fendus est prĂȘt Ă lancer des chantiers participatifs pour la restaurer, la partie n’est pas encore gagnĂ©e. Nous aurons peut ĂȘtre encore besoin de votre soutien pour sauver ce tĂ©moignage rare de l’habitat des horticulteurs du Haut-Montreuil au dĂ©but du siĂšcle dernier.
Certes nous avons beaucoup insistĂ© sur la partie ancienne qui a plus d’un siĂšcle, mais des chercheuses et chercheurs allemands des universitĂ©s de Munich et de Berlin nous ont alertĂ©s sur la nĂ©cessitĂ© de sauvegarder l’ensemble car c est un tĂ©moignage des habitats simples qui se transforment au cours des annĂ©es : c est la thĂ©orie de la maison qui pousse, Ă partir d’un noyau on agrandit la maison pour les enfants, pour d’autres utilitĂ©s. C est donc un ensemble que nous souhaitons conserver.
Nous vous tiendrons au courant des futurs rebondissements.
Si vous voulez tout savoir sur « la maison qui pousse »:
Hochschule MĂŒnchen
La « maison qui pousse »: L’exemple remarquable de la construction par Ă©tapes dans les Murs Ă PĂȘches Ă Montreuil. Lettre d’intĂ©rĂȘt pour la conservation et l’Ă©tude de cet artefact.
Madame, Monsieur,
La « maison qui pousse » que l’on trouve dans les Murs Ă PĂȘches de Montreuil prĂ©sente de grandes similitudes structurelles avec les prototypes de architecte paysagiste Leberecht Migge (1881-1935), construite Ă la mĂȘme Ă©poque, vers 1920. Non seulement elle est construite le long d’un mur fruitier et se rapporte entiĂšrement au jardin sur le plan fonctionnel, mais elle a Ă©galement Ă©tĂ© construite de maniĂšre reconnaissable en petites sections et doit donc ĂȘtre comprise comme une unitĂ© Ă©conomique et Ă©cologique avec le jardin.
La construction « maison qui pousse » dans les Murs Ă PĂȘches de Montreuil, c’est Ă notre avis une vĂ©ritable chance dans l’histoire de l’architecture d’ĂȘtre encore conservĂ©e sous cette forme historique et de pouvoir ĂȘtre Ă©tudiĂ©e en relation avec les Murs Ă PĂȘches et avec d’autres exemples de l’Ă©poque en Europe.
Voici les informations sur le travail de Migge en relation avec cet exemple pertinent âd’architecture en croissance » dans les murs Ă PĂȘches:
Leberecht Migge (1881-1935) compte parmi les architectes paysagistes les plus en vue du Neues Bauen. Il a rĂ©alisĂ© de grands projets de lotissements, entre autres avec Ernst May Ă Francfort avec Bruno Taut et avec Martin Wagner Ă Berlin. ParallĂšlement Ă son activitĂ© de constructeur, Migge a Ă©galement menĂ© une intense activitĂ© de publication. Son ouvrage le plus connu est paru en 1918 sous le titre Jedermann Selbstversorger (« Tout le monde est autosuffisant »). Migge y propage – dans le contexte de la situation d’approvisionnement catastrophique pendant et aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale – le jardin urbain autosuffisant comme base culturelle et Ă©conomique de l’Ă©conomie nationale.
Migge pensait pouvoir prouver qu’avec des mĂ©thodes de culture horticole trĂšs simples â qui prĂ©tendaient nĂ©anmoins reflĂ©ter l’Ă©tat le plus rĂ©cent de la science, par exemple les connaissances sur le rĂŽle des micro-organismes dans le cycle de l’azote – une famille de cinq personnes pouvait subvenir entiĂšrement Ă ses besoins sur 400 mĂštres carrĂ©s de terrain cultivĂ© de maniĂšre intensive et gĂ©nĂ©rer en outre tous les frais nĂ©cessaires Ă l’exploitation du jardin. Le « mur de fruits » est dĂ©jĂ un Ă©lĂ©ment important de sa conception technique de l’horticulture – qui sera par la suite pratiquement structurant pour tous ses projets de lotissements.
En 1921, Migge dĂ©veloppe sa conception du jardin comme base de tous les processus Ă©conomiques et sociaux dans un projet d’entraide pour la colonie de jardins du terrain sud de Berlin. Selon le principe de la « construction par Ă©tapes », le colon doit – en commençant par une tonnelle ouverte, un banc pour ranger les outils et une fosse pour stocker les tubercules – ĂȘtre en mesure, grĂące aux revenus du jardin, de construire successivement une petite maison, d’abord en forme de grotte, puis Ă deux Ă©tages, pour une petite famille.
Il faut souligner ici que Migge « invente » moins une forme de construction qu’il ne systĂ©matise une pratique largement rĂ©pandue dans l’aprĂšs-guerre – le mouvement des colons viennois n’est pas le seul Ă trouver son origine dans une initiative d’autosuffisance alimentaire et rĂ©sidentielle nĂ©e de la nĂ©cessitĂ© ; en Allemagne aussi, on trouve de nombreux exemples d’appropriation informelle de terres – notamment dans le contexte des efforts visant Ă une rĂ©forme fonciĂšre fondamentale au dĂ©but de la RĂ©publique de Weimar. (cf. par exemple le logement Freie Erde prĂšs de DĂŒsseldorf)
Le jardin autosuffisant est Ă©galement un Ă©lĂ©ment rĂ©current dans les plans formels de Migge – l’application prototypique la plus claire de ses principes se trouve dans la citĂ© Knarrberg Ă Dessau-Ziebigk (1926-29), oĂč Migge a Ă©galement pu rĂ©aliser, avec l’architecte Leopold Fischer, son concept d’Ă©conomie circulaire locale avec un recyclage consĂ©quent de tous les dĂ©chets â y compris les matiĂšres fĂ©cales humaines. L’Ă©lĂ©ment structurel de base du lotissement est constituĂ© de murs fruitiers orientĂ©s est-ouest et espacĂ©s d’environ 10 mĂštres.
Dans sa contribution au groupe de travail « Das Wachsende Haus », créé par Martin Wagner Ă l’initiative de Migge, ce dernier associe finalement en 1932 la « construction par Ă©tapes » au mur fruitier. Le mur constitue dĂ©sormais l’Ă©pine dorsale constructive et structurelle de la maison qui – en tant qu’unitĂ© Ă©conomique avec le jardin et financĂ©e par les revenus de ce dernier – « pousse » le long de celui-ci et complĂšte le systĂšme de la « citĂ© en croissance ».
Cordialement,
Sandra Bartoli et Silvan Linden (Technische UniversitÀt Berlin)