ON A RETROUVÉ DES JARDINS OUBLIÉS UN PEU PARTOUT DANS LE MONDE…

En novembre 2024, est paru aux éditions Frances Lincoln, le très beau livre intitulé Lost Gardens of the World, An Atlas of Forgotten Horticultural Treasures de Sandra Lawrence, avec les très belles illustrations de Lucille Clerc.

Les jardins sont des constructions humaines, des créations. Plantations, sélection, taille, dessin des espaces, aménagements… Un jardin est le fruit de la main humaine, de l’opiniâtreté, de beaucoup de travail. 

« Les jardins sont la création humaine la plus vulnérable ». Car « le plus grand désire de la nature est de réclamer ce qui lui appartient, et les humains ne peuvent que repousser l’inévitable, le temps qu’ils auront assez de force pour prendre soin d’un espace. »

« L’ensauvagement, le climat, l’enherbement, les parasites, les guerres, et la plus cruelle des destructrice, la mode, peuvent effacer des chapitres entiers de l’histoire de l’horticulture.

Les grands jardins de plantes médicinales du moyen-âge ont ainsi été rasés à la Renaissance, le Jardin d’Été de Pékin a disparu sous le coup de l’empire colonial britannique. »

Lost Gardens of the World nous fait voyager en Angleterre, Irlande, Hollande, Allemagne, Autriche, Ukraine, Pologne, Italie, Espagne, Maroc, Népal, Inde, Pakistan, Chine, Japon, Mexique, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande.

On voit dans différents jardins comment la présence de la pierre est prépondérante, structurante. On le sait bien aux Murs à Pêches. On découvre dans l’ouvrage, l’histoire de l’imitation de la pierre dont, l’extraction et le transport ont toujours été très coûteux. Ainsi depuis l’Antiquité, les grandes illusions de pierres, rocailles, ciment de lave se sont répandues.

Le jardin To-In Teien, à Nara au Japon, datant du 7ème siècle, est faits de plantes, d’eau et de pierres. Ce jardin a été recréé entre 1998 et 2003 et ouvert au public, sur la base des traces archéologiques et de descriptions anciennes écrites. Il recréé un paysage côtier idéal en le réduisant à une échelle humaine. Collines de pierres, péninsules et îles sont plantés de des cerisiers, pêchers, cyprès, saules, pruniers et camélia. C’est un jardin contemplatif mais également de divertissement. Des banquets s’y déroulaient où étaient organisés des concours de poésie. On parle ainsi du jardin des poètes. 

« On peut parfois sauver ou recréer des jardins. Pour cela, il faut aussi retrouver les graines de  certaines plantes perdues. » Dans des catalogues de semences de l’époque Victorienne, incidemment préservés, on trouve des listes de noms de fruitiers, légumes, fleurs aujourd’hui disparues dans le contexte de l’effondrement du système paysan. Pourtant les graines peuvent être de grandes survivantes. Juste en ouvrant un espace de sol dans un sous bois, on peut mettre à la lumière des bulbes et graines en dormance depuis des décennies. On peut aussi parfois trouver une variété que l’on croyait perdue dans un jardin apparemment aléatoire, du fait de la générosité sans âge des jardiniers qui se partagent boutures et graines à l’envie. Pour enrayer le systèmes des brevets, un peu partout, s’organisent des échanges de graines assurant la dispersion, la plus vaste possible, d’un grands nombres de variétés.

L’histoire des ermitages, depuis les vrais reclus de l’Antiquité, aux confortables pavillons dédiés à une agréable mélancolie du 18ème siècle, nous emmène au Sacro Bosco, Le Jardin des Monstres à Bomarzo en Italie. Pier Francesco Orsini a créé ce jardin maniériste au 16ème siècle où étaient prévues une série de sculptures monumentales à partir de rochers présents sur le site. A la mort de sa femme bien-aimée, le jardin est devenu un moyen de canaliser sa peine. Lugubre colosse, tortue géante, éléphant piétinant un soldat, bouche dévorante, Cerbère… le Sacro Bosco a été décrit comme un poème à l’amour perdu. C’est un royaume intriguant de questions et parfois d’horreurs. Salvador Dali et Jean Cocteau y sont venus vers 1920. Dali l’a peint puis a réalisé un film de 88 secondes en 1948, au moment où le jardin est redécouvert après des siècles d’oubli.

En France, on découvre ou redécouvre, le jardin des romanciers Fontana Rosa de Menton, Les Hortillonnages d’Amiens, la Jardin d’Agronomie Tropicale, Le Jardin du Lautaret et bien sur, les Murs à Pêches, mis à l’honneur dans ce beau livre.

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