POLLUTION DE L’AIR ET BRUIT: 9,7 millions de Franciliens (soit 80 % de la population d’Île-de-France) exposée à des seuils dépassant les recommandations de l’OMS

Première cartographie croisée de la qualité de l’air et de l’environnement sonore au sein de la région Île-de-France:

Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, et Airparif, association en charge de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France, viennent de publier des cartographies de la double exposition à la pollution de l’air et à la pollution sonore. Ces cartographies identifient les zones préservées de ces pollutions et qu’il convient de protéger, et celles fortement exposées où des mesures d’atténuation seraient les plus efficaces.

POLLUTION DE L’AIR ET BRUIT, DEUX ENJEUX MAJEURS DE SANTÉ ENVIRONNEMENTALE


La coexposition air-bruit est un enjeu important.

La pollution sonore entraîne de la gêne, des perturbations du sommeil, accroît le risque de développer des maladies cardiovasculaires ou du diabète, et diminue la capacité d’apprentissage : elle est responsable d’un coût social de 43 milliards d’euros au sein de la région Île-de-France.

La pollution de l’air favorise, quant à elle, le développement du diabète, de maladies cardiovasculaires, des maladies respiratoires et du cancer du poumon, entraînant une perte d’espérance de vie et une augmentation de la mortalité : elle est responsable de 7 900 décès prématurés par an en Île-de-France.


Dans ce contexte, Airparif et Bruitparif ont élaboré ensemble une cartographie combinée de la pollution sonore liée aux transports (principale source de bruit dans l’environnement) et de la pollution de l’air en Île-de-France, en développant un indice de coexposition via une méthode originale.


Les cartes air-bruit distinguent :

les zones principalement concernées par les problèmes de qualité de l’air, en bleu moyen et bleu foncé,

les zones principalement concernées par le bruit, en gris moyen et gris foncé,

les zones où un type de nuisance l’emporte sur l’autre, en brun pour le bruit et en violet pour l’air,

les zones de coexposition marquée aux deux pollutions, situation altérée en jaune et très dégradée en rouge,

Les zones préservées des deux pollutions sont quant à elles représentées en bleu clair:

Pour la carte interactive, voici le lien:

https://carto.airparif.bruitparif.fr


Ces cartographies inédites montrent que 487 communes (38 % des communes d’Île-de-France) ont sur leur territoire plus de la moitié de leur population exposée simultanément à une qualité de l’air dégradée et à des niveaux importants de bruit. Une grande partie de ces collectivités sont situées dans le cœur dense de l’agglomération parisienne – notamment Paris, les collectivités de petite couronne et particulièrement celles situées à proximité des aéroports. La coexposition air-bruit y est particulièrement forte à proximité (100 à 200 mètres) des grands axes routiers. Globalement, 9,7 millions de Franciliens (soit 80 % de la population d’Île-de-France) seraient concernés par une exposition simultanée aux pollutions sonores et atmosphériques à des niveaux qui excèdent fortement les recommandations de l’OMS.

Au contraire, dans 316 collectivités, la quasi-totalité de la population est relativement épargnée et par la pollution de l’air et par les nuisances sonores, avec des concentrations de polluants de l’air et des niveaux de bruits proches des seuils recommandés par l’OMS. Il s’agit pour la plupart de communes situées au sein des départements de la grande couronne et qui ne sont pas concernées par des survols d’aéronefs à moins de 2000 mètres d’altitude.
Certaines zones sont concernées par la pollution sonore, mais peu par la pollution de l’air, notamment celles situées à proximité des voies ferrées dans la moitié sud de la région Île-de-France, ainsi que celles qui sont affectées par les survols à destination et en provenance des aéroports de Paris-Orly et de Paris- CDG et qui sont situées en dehors du cœur dense de l’agglomération parisienne.
À Paris et dans les communes limitrophes, la coexposition à la pollution de l’air et à la pollution sonore est très forte à proximité du boulevard périphérique et des grands axes routiers. Dans les grands parcs parisiens et dans certains îlots du centre-ville, les niveaux de pollution de l’air restent élevés, mais la pollution sonore liée aux transports est peu présente. La situation est légèrement meilleure dans certaines zones, telles que les bois de Vincennes et de Boulogne, ainsi que dans certains quartiers du sud-ouest de Paris.

Ces nouvelles cartographies peuvent faciliter l’évaluation de l’efficacité des politiques publiques dans la durée, en rendant visibles celles qui sont efficaces tant sur le plan de la pollution de l’air que de la pollution sonore (pistes cyclables, report de la voiture vers des transports en commun, électrification des véhicules…). Elles peuvent également apporter des éléments de suivi pour certaines actions de lutte contre une des pollutions pour lesquelles les données manquent encore quant à leur effet sur la seconde pollution. Ces cartographies offrent enfin un large éventail d’utilisations dans le champ de la recherche, comme le croisement des données air-bruit avec la localisation des établissements recevant des groupes vulnérables ou la comparaison avec des données socio- économiques et des indicateurs de santé, pour affiner la compréhension du cumul de l’exposition aux pollutions de l’air et sonore. Elles seront mises à disposition dans le cadre des travaux du Plan régional santé environnement 4 d’Île-de-France (PRSE4).

L’est parisien, entre périphérique, A3, A4 et A 86:

Et l’est de Montreuil, les zones bleues les plus grandes, le Parc Montreau et les murs à pêches, en rouge l’ancienne bretelle A186:

A quand des villes qui tiennent compte de nos santés physiques et mentales?

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